11:25 - Jeudi 21 novembre, 2024

- 19. Jumādā al-Ūlā 1446

Omar Ibn Al Khattab (3)


Omar prit la succession du califat selon le souhait d’Abou Bakr et en accord avec un grand nombre de compagnons. À ceux qui semblaient s’inquiéter du caractère sévère et rude d’Omar, Abou Bakr rétorqua qu’il était certain qu’une fois au pouvoir, Omar s’adoucirait. Omar prit à cœur sa mission. Toute sa politique était empreinte de la crainte de Dieu. Aussi, le verra-t-on déployer tout son génie durant son règne en s’impliquant dans toutes les affaires de la communauté et en œuvrant pour l’épanouissement de l’Islam.

On lui doit notamment la conquête de Hims et de la Syrie. La ville Sainte de Jérusalem ouvrit ses portes aux musulmans durant la même période et Omar tint à s’y déplacer personnellement. Il accorda la sécurité à tous les habitants, sans distinction de religion, et établit le respect des libertés et des propriétés de chaque communauté. À l’heure de la prière musulmane, il déclina même la proposition que lui fit le patriarche de la ville, d’accomplir sa prière dans l’église dite de la résurrection, de peur que plus tard des musulmans ne revendiquent un droit sur ce lieu. Cette tolérance fut la marque de toutes les conquêtes musulmanes expliquant ainsi la rapide expansion de l’Islam en seulement quelques années après la mort du Prophète (paix et salut sur lui). Le grand Royaume de Perse abdiqua pour venir se greffer au nouveau Royaume de la foi, confirmant ainsi les dire du Prophète (paix et salut sur lui) qui avait prédit lors du siège des coalisés, la future prise de la Perse et des palais de Chosroes. L’Egypte enfin, fut gagnée par le stratège et visionnaire général Amr Ibn Al As.

Au-delà de sa politique d’expansion territoriale, Omar s’illustra dans les rôles de bâtisseur et de gestionnaire à mesure que le monde musulman s’élargissait. Pour aménager et organiser cet immense territoire, il fit fonder de nombreuses villes qui allaient devenir de grandes capitales telles que Bassora, Al Koufa ou Mossoul en Irak, Al Foustat (Le Caire) en Egypte ou Tawaj en Perse. Il nomma des gouverneurs tout en laissant les anciens fonctionnaires en poste. Les gouverneurs/préfets nommés par le Calife avaient pour mission de diriger les prières du Vendredi et des deux fêtes, de veiller à la bonne application des lois, de protéger les frontières et faire régner la justice et l’équité, sans égard à la confession des citoyens.

Loin d’être obnubilé par les campagnes militaires en cours, Omar avait le souci d’exercer la justice. Il se montrait équitable avec tous. Citons, en exemple, la plainte déposée par un jeune copte chrétien contre le fils d’Amr Ibn Al ‘As, général et gouverneur d’Égypte. Le jeune homme avait gagné une course de cheval disputée avec le fils d’Amr, qui déçu de perdre s’en prit violemment à lui. Omar fit alors immédiatement convoquer son gouverneur, le fils de celui-ci, et la partie plaignante (le jeune copte). Après avoir vérifié les dires de ce dernier, Omar fit punir publiquement le musulman qui avait fauté. Il proposa même, à la stupéfaction générale, de punir son père dont le statut et l’immunité supposée, avaient permis à son fils de s’enhardir pour commettre cette bavure ! Il prononça ensuite cette sentence qui allait demeurer dans la postérité : « Voudriez-vous asservir des hommes alors que ceux-ci sont nés libres ?! ».

Il était si scrupuleux dans l’application de la justice qu’il écrivit à l’un de ses gouverneurs : « Ouvre ta porte à tes administrés et veille personnellement à résoudre leurs problèmes, car en vérité, tu n’es qu’un citoyen comme eux, à qui Dieu a simplement donné une responsabilité plus lourde à porter ». Le Calife se souciait de ses administrés et arpentait quotidiennement les rues de la capitale du califat, Médine, avec son compagnon Aslam. Il ne cherchait pas par-là à se faire voir ou à se donner une image comme le font les rois et politiciens de nos jours. Au contraire les récits nous rapportent des marches nocturnes, dans des habits modestes et sans escorte, durant lesquelles Omar ne dévoilait pas son identité. Omar voulait prendre le pouls du peuple et le sonder au plus près pour ne pas laisser de place aux biais et aux manipulations. Très souvent, il profitait de ces « promenades » pour venir en aide aux désœuvrés. Sa préoccupation pour le bien-être de ses concitoyens était réelle et vérifiable. On sait qu’il refusa de consommer de la viande et des mets précieux durant une période de disette que vécurent les habitants du Hedjaz. On lui connaît aussi cette parole révélatrice de son degré de crainte et d’attention : « Si un mulet trébuche en Irak, Dieu m’en demandera des comptes en me disant : Pourquoi, Ô Omar, ne lui as-tu pas aplani la route ?! ».

L’Emir des croyants savait se remettre en question et pouvait se rétracter lorsqu’il avait tort. Tout citoyen pouvait quant à lui, et devait même, exprimer son opposition et son désaccord, dans le respect, bien sûr, du système en place. Nous connaissons le célèbre exemple de Fatima Bent Qayyis, qui contesta au milieu d’un discours public, le décret d‘Omar qui visait à fixer un seuil maximal pour la dot du mariage. Face à l’argumentation de cette dernière, Omar se ravisa immédiatement et répondit humblement devant son auditoire : « Cette femme a raison et Omar s’est trompé ! ».

Durant les dix années que dura le gouvernement d’Omar, les musulmans vécurent la stabilité et la sécurité grâce à son grand sens des responsabilités et à ses grandes qualités. Il était au service des hommes, se souciait de leur bien-être et était d’une grande modestie avec le peuple. Son humilité en surprenait plus d’un, quand bien même il était le Calife. À un homme qui lui conseilla de prendre un domestique pour l’aider à nettoyer sa chamelle, Omar répondit : « celui qui prend en charge les affaires des musulmans est considéré comme leur domestique, ils ont sur lui le droit qu’à le maître sur son domestique, celui de donner des conseils et bien gérer ses affaires ».

Ce grand homme de l’Islam sera finalement assassiné lâchement alors qu’il dirigeait la prière de sobh dans la mosquée du Prophète (paix et salut sur lui). Certains l’avaient entendu quelques jours auparavant demander à Dieu la faveur du martyr dans la ville du Prophète (paix et salut sur lui). C’est auprès de ce dernier et de son compagnon Abou Bakr qu’il repose depuis.

 

Puisse Allah lui faire miséricorde et le rétribuer de la meilleure façon !


Rubrique: Les Compagnons