Abou al-Ma’âlî ‘Abd Allah, suivant une chaîne de garants remontant à ‘Abd ar-Rahmân Ibn Zayd Ibn Aslam, qui le tient de son père, a dit : Omar Ibn al Khattab patrouillait la nuit quand il vit une femme, à l’intérieur de sa maison. Elle était entourée de ses enfants qui pleuraient. Il y avait, sur le feu, une marmite remplie d’eau. Omar Ibn Ibn al Khattab – que Dieu l’agrée- s’approcha de la porte. Il dit à la femme: O servante de Dieu, pourquoi ces enfants pleurent-ils ? – La faim les fait pleurer, répondit la femme. Qu’est-ce que cette marmite sur le feu ? reprit le Calife. – J’y ai mis de l’eau pour les calmer jusqu’à ce qu’ils dorment.
Omar remplit un grand sac de semoule, de beurre, de graisse, de vêtements et d’argent. Puis, il dit à son compagnon : O Aslam ! Charge cela sur moi. – O Emir des croyants, rétorqua Aslam, c’est moi qui le porterai. – Non Aslam ! C’est à moi de le porter car je serais responsable d’eux dans la vie dernière.
Omar, le Calife, porta donc le sac sur ses épaules et l’amena jusqu’à la maison de la femme. Il prit la marmite. Il y mit la semoule avec un peu de graisse et de dattes. Il se mit à remuer le tout de sa main et à souffler sur les braises sous la marmite.
Aslam dit : La barbe de Omar était grande. J’ai vu la fumée sortir à travers sa barbe. Il se maintint dans cette position jusqu’à la fin de la cuisson. Ensuite, il se mit à puiser dans la marmite avec sa main et à faire manger les enfants jusqu’à satiété. Puis il s’allongea en face d’eux. Il donnait l’apparence d’un lion. J’avais peur de lui adresser la parole. Il garda cette attitude jusqu’au moment où les enfants se mirent à jouer et à rire.
C’est alors qu’il se leva et me dit : O Aslam ! Sais-tu pourquoi je me suis allongé en face d’eux ? […] Je les ai vus pleurer et je n’ai voulu les quitter qu’après les avoir vus rire. Et quand je les ai vus rire, mon cœur s’est alors apaisé.
Tiré de l’Adoucisseur des coeurs de Ibn Qoudâma al Maqdissi
