Othman Ibn Affan, de la famille de Beni Abdal Manaf, est né à Mekka, six ans après l’épisode dit de l’Éléphant. Apprécié de tous, Othman était un commerçant prospère et honnête. Influencé par le courant hanifite qui visait à maintenir la tradition abrahamique ismaélite parmi les Quraychites, Othman s’abstenait des pratiques païennes de son peuple. Il observait par ailleurs une certaine « hygiène de vie », ne buvait pas et s’interdisait les rapports extra-conjugaux.
Ami et proche d’Abou Bakr, Othman ne tardera pas à rallier les disciples du Prophète mecquois. Il était alors âgé de 34 ans. On dit même qu’il fut le deuxième « homme libre » à avoir embrassé l’Islam.
Le Prophète (paix et salut sur lui) aimait Othman pour sa pudeur et son bon caractère. Il dira qu’Othman était celui qui lui ressemblait le plus du point de vue du caractère [Al Tabarani, auth. Al Haythami]. Othman était, comme nous l’avons dit, de plus un homme habile en affaires, intelligent, et qui présentait bien. C’est en raison de ces qualités que le Prophète (paix et salut sur lui) le présenta à sa fille Rouqaya, tout juste séparée de ‘Otba fils d’Abou Lahab.
En conflit avec une partie de sa famille, notamment l’un de ses oncles, qui n’acceptait pas sa conversion à l’Islam, Othman dut se résoudre à prendre, avec sa famille, le chemin de l’exil. Le Prophète (paix et salut sur lui) leur avait en effet conseillé, ainsi qu’à ceux de ses disciples qui le pouvaient de se rendre en Abyssinie. Ce pays, leur avait dit le Prophète (paix et salut sur lui), était alors gouverné par un homme juste et accordant à ses sujets la liberté. Au moment du départ de sa fille et de son gendre, le Prophète (paix et salut sur lui) leur fit ses vœux et nota le parallèle historique avec l’histoire de la foi : « Qu’Allah soit avec vous. Othman est le premier à émigrer avec sa famille pour la cause d’Allah depuis l’émigration de Loth et de sa famille ».
Othman et sa famille revinrent en Arabie au moment de l’Émigration du Prophète (paix et salut sur lui) à Médine. Othman ne put être présent à Badr, car il était au chevet de son épouse Rouqaya. Celle-ci décéda quelques jours avant le retour de son père. À son retour, celui-ci consola Othman qui souffrait de la perte de son épouse et regrettait de ne pas avoir pu être présent à la première bataille de l’Islam. Pour autant, la sincérité d’Othman et les dépenses auxquelles il avait consenti lui firent mériter la remarque suivante du Prophète (paix et salut sur lui) : « tu as la récompense de ceux qui ont participé à Badr ».
Très vite, le Prophète (paix et salut sur lui) proposa à son gendre devenu veuf de prendre pour épouse son autre fille, Oum Kalthoum. Al Houssayn Ibn Ali Al Ja’fi dit : « jamais dans l’histoire un homme n’eut le privilège d’épouser dans sa vie deux filles de prophète, hormis Othman Ibn ‘Affan ». À partir de ce moment, Othman héritera du qualificatif de dhou al nourayn, l’homme aux deux lumières. Quand quelques années plus tard Oum Kalthoum décédera le Prophète (paix et salut sur lui) dira : « si j’avais encore une fille à marier, je la marierai à Othman » [Al Haythami, hassan].
Lors de la bataille d’Ohoud, Othman fut, comme beaucoup, pris de panique à l’annonce de la mort de l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui) et suivra le mouvement de repli. Pour autant nul ne peut lui reprocher puisqu’Allah a dit : « Et si certains parmi vous ont battu en retraite le jour de la rencontre des deux armées, c’est uniquement parce qu’ils avaient cédé aux instigations de Satan, en raison de quelques péchés qu’ils avaient commis. Néanmoins, Dieu leur a pardonné, car Il est Plein de miséricorde et de mansuétude » [3;155].
En l’an 4 de l’Hégire, Othman perdit son fils Abdallah fils de Rouqaya, qui était alors âgé de 6 ans.
Quand le Prophète (paix et salut sur lui) et ses compagnons partirent en direction de Mekka en vue d’accomplir la Omra, c’est Othman qui fut choisi pour négocier avec les Qurayshites l’entrée des musulmans dans la ville. Il devait les rassurer quant aux intentions pacifiques des siens. Les Qurayshites proposèrent à Othman de lui laisser accomplir son rite mais refusèrent de donner cette autorisation au Prophète et aux musulmans. Othman déclina cette offre.
N’ayant pas de nouvelles de leur ambassadeur pendant plusieurs jours, les musulmans en vinrent à penser qu’il avait été assassiné. L’occasion pour le Prophète (paix et salut sur lui) de manifester toute l’estime et l’amour qu’il portait à son compagnon : il prit l’engagement de l’ensemble des 1400 musulmans présents de se battre pour libérer ou venger Othman, et tendant sa main il dit : « voici la main d’Othman » avant de serrer celle-ci dans sa main libre. Othman ne tarda pas à réapparaître après ce serment qui restera célèbre pour l’éternité comme bay’at al radwan.
Reparti de zéro suite à son exil de Mekka, Othman ne tarda pas à se reconstituer à Médine un capital dont il sut tirer profit. À plusieurs reprises, Othman consentit à des dépenses importantes pour améliorer les conditions de vie de ses concitoyens et pour accroître leur sécurité. Ainsi racheta-t-il le puits de Rouma pour permettre aux musulmans d’accéder gratuitement à l’eau potable. Il acheta également un terrain pour permettre l’agrandissement de la mosquée de Médine. Il équipa enfin l’expédition de Tabouk qui allait enclencher le début de l’essor de l’Islam au-delà des frontières de l’Arabie. À chaque fois le Prophète (paix et salut sur lui) félicitait ces dépenses pieuses en annonçant qu’elles permettraient à Othman d’entrer quoi qu’il arrive au paradis.
Othman sera sa vie durant parmi les plus fidèles partisans du Prophète (paix et salut sur lui) et après sa mort il occupera une position éminente au sein du majlis alchoura auprès des khalifes Abou Bakr et Omar.
Source principale : Sirat Othman, A. Al Salabi
L’Envoyé (paix et salut sur lui) a dit :
Un jour que le Prophète (paix et salut sur lui) était avec Abou Bakr, ’Omar et Othman sur le mont Ohoud celui-ci se mit à trembler. Le Prophète (paix et salut sur lui) s’exclama alors : « calme-toi Ohoud tu ne portes qu’un prophète, un homme véridique et deux martyrs ».
Une autre fois, tandis qu’Othman vint rendre visite à l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui) celui-ci se couvrit soudainement le bas des cuisses et les genoux se justifiant : « ne ferais-je point preuve de pudeur vis-à-vis d’un homme vis-à-vis de qui les anges eux-mêmes ont de la pudeur ? ».