Selon Abou Hourayra, le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) exhortait les gens à veiller les nuits de Ramadan en prière sans pour autant en faire une obligation religieuse. Il disait : Celui qui a veillé en prière les nuits de Ramadan poussé par sa foi et par l’unique désir de la récompense de Dieu, Dieu lui pardonne tous ses péchés précédents [Mouslim]. Celui à qui Dieu a facilité les prières dites de tarawih pendant Ramadan, son jeûne n’aura pas la même saveur que s’il s’en trouve privé. Or, il s’avère que la prière nocturne n’est pas une œuvre exclusivement réservée au mois de Ramadan. Ainsi, si les prières de tarawih embellissent le jeûne du croyant, les prières nocturnes durant l’année (qiyam al layl) illuminent sa vie.
Allah a d’ailleurs ordonné à Son Messager (paix et salut sur lui) d’accomplir ces prières, et de ne pas les négliger : ‘Et de la nuit veilles-en une partie en prières surérogatoires, cela afin que ton Seigneur te ressuscite en une position glorieuse’ [17;79]. ‘Et prosterne-toi devant Lui une partie de la nuit ; et glorifie-Le longuement pendant la nuit’ [76;26]. Le Prophète (paix et salut sur lui) n’a alors jamais abandonné cette pratique, même lorsqu’il était en voyage. ‘Aïcha a dit à ce sujet : ‘Le Prophète (paix et salut sur lui) veillait tellement dans la nuit que la peau de ses pieds se fendillait. Je lui dis : ‘Pourquoi fais-tu cela, ô Messager de Dieu, alors que Dieu t’a d’ores et déjà absous de tous tes péchés passés et à venir ?!’. Et le Prophète de répondre : ‘Est-ce qu’il ne m’appartient pas de me comporter en homme reconnaissant ?’. Aussi, ‘lorsqu’il arrivait au Prophète de manquer la prière de la nuit à cause d’une maladie ou pour toute autre raison, il accomplissait le lendemain douze raka’as au cours de la journée.’ [Mouslim]
Aïcha fut, un jour, interrogée sur la façon dont le Prophète (paix et salut sur lui) priait la nuit, et répondit : ‘Il dormait au début, se levait à la fin et priait. Il retournait ensuite dans son lit et, lorsque le muezzin faisait l’appel à la prière, il s’arrachait de son lit.’
Dès qu’il se réveillait pour prier, le Prophète (paix et salut sur lui) se rinçait le visage avec de l’eau fraîche pour en chasser le sommeil, puis il lavait ses dents avec son siwak et invoquait et louait Dieu par la formule suivante : ‘Il n’y a d’autre divinité que Toi, Gloire à Toi, je Te demande de pardonner mes péchés et de m’accorder Ta miséricorde. Seigneur, améliore ma connaissance, ne détourne pas mon cœur de la voie droite après l’avoir guidé et étends sur moi Ta miséricorde, car Tu es le Vrai Donateur. Louange à Dieu qui nous a rendu la vie après nous avoir donné la mort et c’est vers Lui que se fait le Retour’. Il avait ensuite pour habitude de réciter les dix derniers versets de la sourate Al-’Imran, avant de faire ses ablutions. Il entamait alors son qiyam par deux raka’as légères. Il pouvait arriver au Prophète (paix et salut sur lui) de prier à toute heure de la nuit, à son début, son milieu ou sa fin. Il avait cependant l’habitude de retarder son moment au dernier tiers de la nuit, car ‘Notre Seigneur descend chaque nuit, à son dernier tiers, au ciel le plus bas et dit : celui qui M’invoque, Je lui réponds, celui qui Me demande, Je lui donne, et celui qui implore Mon pardon, Je lui pardonne’ [Al Boukhari].
Aussi, le nombre de raka’as lors de la prière nocturne n’est pas défini, il dépend des capacités et de l’endurance de chacun. Quant au Prophète (paix et salut sur lui), le plus vraisemblable est qu’il exécutait les raka’as deux par deux et qu’il terminait par une seule raka’a, le witr, tel qu’il nous a exhorté à le faire : ‘clôturez votre prière de la nuit par le witr’. Le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : ‘La prière de la nuit s’accomplit par paires de deux raka’as. Mais lorsque tu crains que l’aube ne se lève, clos-la par une seule raka’a.’ Sur le nombre de raka’a, Aïcha a rapporté que ‘l’Envoyé de Dieu priait onze raka’as ; telle était sa prière.’ et qu’il ‘n’accomplissait jamais plus de onze raka’as, que ce soit pendant ou en dehors du mois de Ramadan.’ [Al Boukhari]. Ibn Al Qayyim qui a comptabilisé un total de quarante raka’as, obligatoires et volontaires confondues, que le Prophète (paix et salut sur lui) avait l’habitude d’effectuer en vingt-quatre heures, a exprimé son admiration par cette belle parole d’une grande éloquence : ‘À quel point l’exaucement est prompt, à quel point est-elle rapide, l’ouverture de la porte, pour celui qui y frappe quarante fois par jour’.
Le Prophète (paix et salut sur lui), dans sa veillée, récitait de longues sourates ‘en articulant bien tous les mots. Lorsqu’il passait par un verset contenant une glorification de Dieu, il Le glorifiait. Lorsqu’il passait par un verset contenant une invocation de Dieu, il L’invoquait, et lorsqu’il passait par un verset contenant une demande de protection de Dieu contre le diable, il la faisait’ [Mouslim]. Contrairement aux prières en commun qu’il allégeait, le Prophète (paix et salut sur lui) allongeait ses prières nocturnes, à tel point qu’Ibn Mas’oud rapporte : ‘Une nuit, j’ai prié avec le Prophète, mais il resta debout si longtemps que j’ai pensé adopter une mauvaise attitude.’ On lui demanda : ‘Et à quoi as-tu pensé ?’ Il répondit : ‘J’ai songé à m’asseoir et à le laisser (poursuivre seul).’ [Al Boukhari]. On sait toutefois que lorsque le Prophète (paix et salut sur lui) avança en âge il lui arrivait de réciter le Coran assis ; mais, quand il ne lui restait plus à réciter que trente ou quarante versets de la sourate, il se levait, les récitait et terminait la raka’a.’