Allah le Très Haut dit : Sache donc qu’en vérité, il n’y a point de divinité à part Dieu, et implore le pardon pour ton péché, ainsi que pour les croyants et les croyantes….[47;19] ; ….implorez le pardon de Dieu, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux [73;20]. Il dit aussi – Exalté soit-Il : Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vous avez vous-même perpétré, tandis qu’Il pardonne beaucoup [42;30] ; tout bien qui t’atteint provient de Dieu, et tout mal qui t’atteint vient de toi-même [4;79]. Au travers de ces quelques versets coraniques, Dieu le Très Haut apprend aux croyants le devoir moral d’humilité et le principe d’introspection permanente. Le croyant doit être un fin observateur de ses propres faits et gestes, peser les propos qu’il tient, avant de les prononcer et après également ; comme il doit être attentif et vigilant face aux pensées qui envahissent régulièrement son esprit ; afin de se corriger sans cesse et de se purifier spirituellement, pour pouvoir se rapprocher davantage de Dieu le Très Haut. Ce principe d’autocritique, et d’introspection permanente a beaucoup été développé dans la littérature islamique, par les maîtres spirituels notamment, héritiers de la tradition soufie. L’istighfar ou le fait de demander pardon à Dieu pour ses fautes est un élément indissociable de cette perpétuelle remise en question. En effet, ce n’est qu’en scrutant régulièrement son âme et ses actes, que le croyant découvrira ses fautes, les reconnaîtra, fera acte d’humilité en s’en excusant, et cherchera finalement les meilleurs moyens de se rattraper et de se réformer : quiconque se repent après son tort et se réforme, Dieu accepte son repentir. Car, Dieu est, certes, Pardonneur et Miséricordieux [5;39]. Voyons-donc les « dalils » (preuves scripturaires dans le Coran, la Sounnah et les propos des savants) qui prouvent que se remettre constamment en cause et faire son autocritique, tant au niveau individuel que collectif, est une obligation religieuse et que son délaissement est un péché.
al istighfar ou l’obligation d’humilité
Tout d’abord, notre modèle et notre guide, Mohammad (paix et salut sur lui) nous a appris à demander sans cesse pardon à Dieu, répondant par là à son commandement : célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon [110;3], et implore de Dieu le pardon car Dieu est certes Pardonneur et Miséricordieux [4;106]. Notons que l’impératif (amr) utilisé dans ces versets cités en exemple prouve que le fait d’implorer le pardon de Dieu [al istighfar] est bien une obligation [fard]. C’est ainsi que l’a compris le préservé de tout péché (paix et salut sur lui) [al ma’soum] puisque, comme le rapporte Abdallah Ibn ‘Omar, il arrivait qu’au cours d’une seule leçon, le Prophète (paix et salut sur lui) demanda jusqu’à cent fois pardon à Dieu en disant : Seigneur Dieu ! Absous-moi et accepte mon retour à Toi. C’est Toi par excellence qui accepte le retour des repentis et qui es miséricordieux [Abou Dawoud & Al Tirmidhi ; hassan sahih gharib]. Pour quel « péché » le Prophète (paix et salut sur lui) pouvait-il bien s’excuser, tandis que Dieu l’a préservé de tout mal, avant et après la prophétie ? Pourquoi demandait-il si souvent pardon à Dieu, lui qui a atteint le summum humain de la perfection morale et spirituelle ? Il nous l’explique dans un autre hadith rapporté par Al Agharr Al Mouzanni, et dans lequel il dit : II arrive certainement à mon cœur de tiédir par moments dans l’évocation de Dieu et c’est pourquoi je prie Dieu de m’absoudre cent fois par jour [Mouslim]. C’est-à-dire qu’à certains moments le cœur du Prophète (paix et salut sur lui) cessait pendant quelques secondes ou minutes de penser à Dieu et de Le glorifier, pour penser à autre chose (de sain) ; et ceci suffisait à déclencher chez le Prophète (paix et salut sur lui) le besoin de s’excuser et de demander pardon à Dieu ! Que dire de nous, dont les cœurs, les langues et les mains oublient Dieu et se laissent aller à commettre cent péchés par jour, tandis que nos cœurs et nos lèvres sont avares des très nombreuses formules de demandes de pardon que nous a enseignées notre Prophète (paix et salut sur lui) ! - Ô Allah guide nous ! Car l’istighfar ou le fait de demander pardon à Dieu, ce n’est pas simplement le fait d’agiter sa langue, en faisant jouer ses doigts sur un tasbih ou autre compteur électronique, mais l’istighfar authentique, pour celui qui désire observer la Sounnah, pour celui qui se réclame des salafs, c’est surtout le fait d’accompagner ces paroles par un état d’âme et un sentiment de regret et de peine dans le cœur (les œuvres ne dépendent en fait que des intentions !).
Lorsque celui que l’ensemble des savants de la Sounnah considère comme le meilleur homme dans l’Islam après le Prophète (paix et salut sur lui), Abou Bakr – que Dieu lui donne entière satisfaction, a demandé à l’Envoyé de Dieu : apprends-moi une invocation que je pourrai formuler au sein de mes prières, le Prophète (paix et salut sur lui) lui répondit : dis : ô mon Dieu ! J’ai souillé mon âme par tant de péchés, et nul autre que Toi n’est à même de pardonner les péchés… ô mon Dieu… excuse-moi donc, et aies pitié de moi… Toi le Pardonneur et le Miséricordieux [Al Boukhari & Mouslim]… voilà qui devrait nous laisser à réfléchir, quand on sait qu’Abou Bakr ne s’est jamais illustré par une quelconque action immorale avant ou après sa conversion, qu’il a été de toutes les batailles, et qu’il a servi Dieu, Son Prophète et Sa religion, comme personne parmi les compagnons !
Reconnaître ses erreurs
Ce dernier hadith met également en évidence le deuxième point que nous voulions aborder, et qui consiste à savoir reconnaître ses erreurs, dans son for intérieur, dans ses prières ou mieux encore : publiquement ! En effet, dans l’invocation prophétique, il est dit : ‘J’ai souillé mon âme par tant de péchés’ ; et l’on connaît également l’invocation du prophète Jonas [Younous] qui lui permit d’être sauvé de la situation affligeante dans laquelle il était, lorsqu’il fit, dans les ténèbres, la prière que voici : nulle divinité sinon Toi ! Pureté à Toi ! J’ai été vraiment du nombre des injustes [21;87]. Le Prophète (paix et salut sur lui) nous a par ailleurs appris à répéter matin et soir, la formule connue sous le nom de sayyid al istighfar, ou « formule maîtresse de demande de pardon », dans laquelle, après avoir rappelé sa foi en la Seigneurie [rouboubiya], et sa propre condition de servitude vis-à-vis de Dieu [‘ouboudiya], l’Envoyé de Dieu disait : je me réfugie auprès de Toi contre les conséquences de mes actes [Al Boukhari]. Reconnaître ses erreurs, c’est enfin savoir demander pardon à autrui lorsqu’on l’a lésé dans son honneur, sa personne ou ses biens. Allah le Très Haut dit en parlant des pieux et citant l’une de leurs caractéristiques : et ceux qui, s’ils commettent quelque turpitude ou causent quelque préjudice à leurs propres âmes, se souviennent de Dieu et demandent pardon pour leurs péchés – et qui est-ce qui pardonne les péchés sinon Dieu ? – et qui ne persistent pas sciemment dans le mal qu’ils ont fait. Ceux-là ont pour récompense le pardon de leur Seigneur, ainsi que les Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. Comme est beau le salaire de ceux qui font le bien ! [3;136].
Et Allah sait mieux !