La bonne présomption à l’égard de Dieu. Allah le Très Haut dit dans le hadith Qoudsi : Je suis conforme à la bonne idée que Mon serviteur se fait de Moi [Mouslim]. Tout au long des épreuves qu’il a eu à traverser, le prophète Youssouf n’a eu de cesse de nourrir en lui-même de bonnes pensées envers son Seigneur le Très Haut, attribuant au diable l’origine des injustices que lui ont fait subir les gens, et à Allah la délivrance de ces malheurs : Ô mon père, dit Youssouf, voilà l’interprétation de mon rêve de jadis. Allah l’a bel et bien réalisé… Et Il m’a certainement fait du bien quand Il m’a fait sortir de prison et qu’Il vous a fait venir de la campagne, après que le diable ait suscité la discorde entre mes frères et moi. Mon Seigneur est plein de douceur pour ceux qu’Il veut. Et c’est Lui L’Omniscient, le Sage [12;100]. Ainsi doit être le comportement des croyants, ne doutant pas de leur Seigneur, y compris au cœur de l’épreuve. Lorsque Moussa et son peuple furent encerclés par l’armée de Pharaon d’un côté et par la mer de l’autre et que certains se mirent à douter, la réponse de Moussa fut sans équivoque : Puis, quand les deux partis se virent, les compagnons de Moïse dirent : Nous allons être rejoints. Il dit : Jamais, car j’ai avec moi mon Seigneur qui va me guider [26;61-62]. Et en effet, Allah leur accorda son secours et leur donna la victoire sur leur ennemi. Ibrahim non plus ne douta pas de son Seigneur lorsque son peuple s’apprêtait à le jeter au bûcher, pas plus que Mohammad et ses compagnons à qui l’on dit : Les gens se sont ligués contre vous, craignez-les ! À chaque fois, leur seule réponse fut : Dieu nous suffit et quel bon protecteur [Al Boukhari] ou encore ‘quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : Ne t’afflige pas, car Dieu est avec nous [9;40]. En effet, Allah ne les abandonna pas, les délivra et leur donna le dessus sur leurs détracteurs. Le doute dont nous parlons ici, est le doute qui s’installe dans le cœur, au point que la personne doute de la justice, de la miséricorde ou même de l’existence d’Allah, nous cherchons refuge auprès d’Allah ! Quant au doute passager qui provient de l’âme – comme lorsque Moussa vit les cordes des sorciers de Pharaon se mouvoir : Moïse ressentit quelque peur en lui-même. Nous lui dîmes : N’aie pas peur, c’est toi qui auras le dessus [20;67-68] – ou celui qui provient du diable, et que le croyant repousse rapidement en se souvenant la promesse de Son Seigneur ; nous ne serons pas blâmés pour cela : Les gens pieux, lorsqu’une suggestion du diable les touche, se rappellent aussitôt et les voilà devenus clairvoyants [7;201].
La reconnaissance envers Allah. Au travers de la parole qu’il dit à son père après que son rêve se soit réalisé, et au travers de sa prière : Ô mon Seigneur, Tu m’as donné du pouvoir et m’as enseigné l’interprétation des rêves. [C'est Toi Le] Créateur des cieux et de la terre, Tu es mon maître, ici-bas et dans l’au-delà… [12;101], le prophète Youssouf exprima sa parfaite reconnaissance envers son Bienfaiteur et Protecteur qu’est Allah. En effet, Allah ne cesse jamais de protéger son Serviteur vertueux et bienfaisant, et de le combler de Bienfait. Lorsque le serviteur pieux est éprouvé, Allah le comble par la patience et le protège dans sa foi, en l’aidant à demeurer droit et à ne pas douter ou désespérer de la miséricorde. Lorsque le serviteur bénéficie des bienfaits matériels, Allah le comble par la reconnaissance et le préserve de tomber dans l’insouciance vis-à-vis de Lui. La personne abandonnée est finalement celle qui désespère dans le malheur et doute de Dieu, et L’oublie lorsqu’elle bénéficie de faveurs, en s’attribuant à elle-même le mérite de sa réussite : Quand un malheur touche l’homme, il Nous invoque. Quand ensuite Nous lui accordons une faveur de Notre part, il dit : Je ne la dois qu’à [ma] science. C’est une épreuve, plutôt ; mais la plupart d’entre eux ne savent pas [39;49]. Par ailleurs, la reconnaissance envers Allah entraîne l’accroissement de Ses bienfaits, puisqu’Il dit : Si vous êtes reconnaissants, très certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible [14;7].
Observer le comportement de Youssouf. Allah le Très Haut dit en conclusion de la sourate : Dans leurs récits il y a certes une leçon pour les gens doués d’intelligence [12;111]. C’est dire qu’il y a dans les histoires des prophètes élus d’Allah un exemple et un modèle de vie pour nous autres. Comme nous l’avions déjà évoqué en entamant cette série, la sourate Youssouf est une sourate mecquoise, révélée en un temps où les musulmans étaient minoritaires, dans une société incroyante et païenne, et durant laquelle, ils devaient se concentrer sur ce qui est fondamental dans la religion : la foi en Allah et au Jour Dernier, le bon comportement, la prière, l’aumône… À cette époque et dans ce contexte, les musulmans n’étaient pas autorisés à riposter aux injustices qu’ils subissaient et devaient se montrer patients et résignés, invoquant le secours d’Allah et persévérant sur le droit chemin, appelant les gens à Allah de la meilleure manière, par le meilleur des discours, qui est le Coran, et surtout en mettant en pratique ce Coran, par une éthique et une pratique saines. La distinction entre musulmans et non-musulmans étaient une distinction de croyance, de comportement et de culte. La sourate Youssouf nous apprend, à nous autres, dans le contexte dans lequel nous vivons à d’abord développer une foi saine et correcte en Dieu, pas une foi apprise par cœur dans les livres simplement, mais une foi de sentiments sincères et pieux. Ensuite, la sourate nous apprend à toujours avoir le meilleur comportement : envers nos parents, nos enfants, nos frères, nos employeurs, nos voisins, nos collègues, nos dirigeants, et ce, qu’ils soient musulmans ou non ! Nous devons apprendre à nous attacher à la vérité, à la justice, au pardon, à être honnêtes et droits, à patienter face aux épreuves, à la jalousie et aux injustices. Enfin, l’exemple de Youssouf nous encourage à travailler pour rechercher le bien de nos personnes, de nos familles et de notre société ; voir à nous engager dans le champ politique ou social.
Et Allah sait mieux