19:28 - Mardi 3 décembre, 2024

- 1. Jumādā al-Ākhira 1446

Zaynab Al Ghazaly : « Mais avec quelle force vivez-vous ? »


Née en 1917 en Égypte, Zaynab Al Ghazaly reçut sa formation à l’école d’Al Azhar. À l’âge de 18 ans elle crée et préside l’Association des Femmes Musulmanes, association de bienfaisance prenant en charge des orphelins et promouvant le savoir chez les femmes. En 1938, elle rencontre le leader du parti réformateur des frères musulmans, Hassan Al Banna. Sympathisante du mouvement, elle diverge cependant avec Al Banna dans certains points. Elle accepte de collaborer avec les Frères sans pour autant s’affilier à eux. Ce n’est que dix ans plus tard, un an avant l’assassinat de l’Imam par les anglais, que Zaynab Al Ghazaly décide de lui faire serment d’allégeance ayant reconnu en lui, peut-être un peu tard, le leader capable de réformer le peuple égyptien et de le faire revenir à l’Islam authentique.

En 1957, elle part accomplir le pèlerinage à La Sainte Mecque. Elle y rencontre le Grand Moufti de l’Arabie qu’elle charge de plaider auprès du souverain pour la scolarisation des jeunes filles. Puis elle convient avec Abdel Fatah Ismaël de la mise au point d’un programme d’éducation islamique pour la jeune génération égyptienne. Ce programme qui devra s’étendre sur 13 années – la durée de la période mecquoise – est élaboré à partir des œuvres des savants célèbres comme Ibn Hazm, Ibn Tayymiya, Ibn Al Qayyim, Ibn Kathir, Ibn Abdel Wahhab et Sayyed Qutb.

En février 1964, elle échappe à une tentative d’assassinat commanditée par Nasser, ‘père du socialisme pan-arabe’. Amoureux de son ego et désireux d’être le nouveau dieu adoré des égyptiens et des Arabes, Gamal Nasser, est jaloux de la popularité dont jouit Zaynab Al Ghazaly, il rentre même dans une crise d’hystérie dès qu’il entend prononcer son nom. Il décide de dissoudre l’association des Femmes Musulmanes.

Le 20 août 1965, Zaynab Al Ghazaly est, avec des milliers de musulmans, emprisonnée dans ‘l’enfer de Nasser’ : la prison militaire. Là bas, elle connaît la torture et les pires souffrances car Nasser a ordonné qu’elle soit bien plus torturée que les hommes. On veut à tout prix lui extorquer des aveux pour mettre en scène un faux procès qui ternirait définitivement l’image des musulmans auprès du peuple égyptien. Quand elle n’est pas torturée physiquement, Zaynab Al Ghazalyl’est moralement. Ses bourreaux lui propose de renier les Frères Musulmans et de faire allégeance à Nasser en devenant ministre de son gouvernement. Mais pour elle, il est hors de question de trahir son engagement, et hors de question de travailler au sein d’un gouvernement qui a renié Dieu et égare le peuple égyptien. Choqué par la ténacité de cette femme, un de ses tortionnaires lui dit un jour : ‘Mais avec quelle force vivez-vous ?!’…

Le 17 Mai 1966 a lieu le fameux procès où plusieurs musulmans, parmi lesquels Sayyed Qutb, seront condamnés à la peine capitale. Zaynab écope d’une peine de 25 ans de travaux forcés. A l’annonce de la sentence, elle glorifie Dieu et le loue, disant ‘25 ans pour la Gloire d’Allah !’. Un an plus tard, en juin 67, la prison militaire est évacuée, pour enfermer cette fois les hommes de main de Nasser et ses généraux dans lesquels le tyran n’a plus confiance. Zaynab est transférée alors dans la prison pour femme d’Al Qanater. Nasser ne tarde pas à mourir, fou de rage après sa défaite de 67. Le 9 août 1971, le directeur de la prison reçoit l’ordre de libérer Zaynab Al Ghazaly, mais elle refuse d’abord de se séparer de sa sœur Hamida Qutb avec laquelle elle était emprisonnée. Finalement, Hamida la convint de sortir. Ainsi, Zaynab est restée six années en prison, dormant à même le sol, avec ses souliers pour oreiller, restant des jours et des nuits d’été sans rien manger et sans boire, goûtant chaque jour le fouet et enfermée plusieurs fois avec des chiens dressés à tuer, sans que cela ne l’ait fait plier d’un pouce sur ses convictions.

Depuis, sa sortie de prison, Zaynab Al Ghazaly a repris ses activités de bienfaisance et de prédication. Elle a mis sur papier ses souvenirs de prisonnières, dans le livre Des jours de ma vie, non pour se vanter de ce qu’elle a subit, mais seulement pour laisser une trace historique de ce qu’était la réalité du régime despotique de Nasser.

En lisant son témoignage, on pense souvent à la Parole d’Allah : ‘Combien de prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit pour la Cause d’Allah. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Allah aime les endurants’.

Zaynab Al Ghazaly, s’est éteinte le 3 août 2005, à l’âge de 88 ans. Puisse Allah lui accorder sa satisfaction et sa miséricorde !


Rubrique: Biographies